Demande de droit de réponse concernant l’article de Marc Guéniat publié le 9 avril 2025

Dans son édition du 9 avril, Le Temps s’aventure à affirmer que notre organisation, Paysage Libre Suisse (PLCH), serait opaque, et, de surcroît, « couverte » par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Une série d’allégations y sont avancées pêle-mêle. A y regarder de plus près, il devient évident que ces accusations ne résistent à aucune analyse sérieuse.

Commençons par l’allégation principale, qui titre l’article : l’OFEV « couvrirait » PLCH. Nous en serions ravis ! Imaginez à quel point notre travail de défense du paysage, face à l’intrusion de projets éoliens, serait facilité si nous bénéficions d’un tel soutien. En réalité, c’est tout le contraire : placé sous la responsabilité d’Albert Rösti, qui n’a pas la réputation d’être un écologiste, l’OFEV prend systématiquement, dans les procédures, la défense de la production d’électricité, même lorsque les projets éoliens sont en contradiction flagrante avec la protection de la biodiversité et du paysage.

Mais l’affaire va bien au-delà de cela. L’auteur de l’article, Marc Guéniat, se base sur quelques documents (sans préciser lesquels) qu’il aurait reçus d’une personne présentée comme « un Bernois dirigeant un bureau d’ingénieurs dans le domaine des énergies renouvelables ». À tout le moins, l’éthique journalistique exigerait qu’il précise que cet ingénieur, Denis Juillard, est également membre du comité de Pro Eole Berne. Cette organisation, fondée en 2022, milite activement pour l’implantation de l’énergie éolienne en Suisse. Elle collabore, comme le signale son site internet, avec des organisations telles que Suisse Eole, le lobby déclaré des promoteurs éoliens largement financé par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Ainsi, loin d’être un informateur neutre, comme le laisse entendre l’article, Le Temps s’appuie en réalité et sans le dire sur un partisan engagé, dont l’organisation a pour mission principale de contrer les actions de PLCH et de ses sections.

Le reproche formulé par Le Temps, selon lequel certains membres du comité de PLCH seraient propriétaires de terrains proches d’un projet éolien et que cela justifierait leur engagement, est pour le moins léger. Et pourquoi Le Temps passe-t-il sous silence que Monsieur Juillard lui-même a des intérêts dans l’énergie éolienne ? Son site internet indique en effet qu’il « contribue à conseiller et faire vivre des associations sans buts lucratifs œuvrant pour le développement de l’éolien en Suisse », et que son bureau se consacre à développer des « solutions durables faisant appel aux énergies solaires, éoliennes et géothermiques ».

Le journaliste va plus loin en reprenant sans le moindre recul l’affirmation de Monsieur Juillard selon laquelle les membres de PLCH n’auraient aucune idée des comptes de l’association. Comment un média qui se veut sérieux peut-il publier une telle contrevérité sans la moindre vérification ? Comme l’énoncent nos statuts, les comptes sont systématiquement adoptés par l’assemblée générale.

D’autres perles aux apparences croustillantes viennent s’ajouter à ce tableau : à lire l’article, le comité de PLCH disposerait d’un pouvoir absolu, y compris celui d’exclure un membre. Si on consulte les statuts de Pro Eole, on y lit que le comité dispose de la même compétence. C’est l’hôpital qui se moque de la charité. La critique est d’autant plus injustifiée que, selon la doctrine et la jurisprudence, cette compétence d’exclure peut être accordée à un autre organe (comité, commission de discipline, etc) avec ou sans la possibilité de recours à l’assemblée générale (Commentaire romand du Code civil, éd. 2022).

D’autres « oublis » ou erreurs, tout aussi flagrants, mériteraient d’être mentionnées, mais l’espace manque ici. Ce qui est certain, c’est que le débat sur la politique énergétique suisse mérite bien mieux que cette compilation démagogique d’accusations non vérifiées, venue tout droit des cercles de Suisse Eole et de sa succursale Pro Eole.

Alors, PLCH aurait-elle quelque chose à cacher ? Rien n’est plus faux. Les comptes présentés à l’OFEV dans le cadre de notre demande d’obtention du droit de recours couvrent une période de dix ans et ont été établis à l’intention des membres, et pas pour une publication. Comparer ces comptes avec ceux d’organisations bénéficiant de ce droit depuis des décennies n’a aucun fondement. Dès lors que PLCH dispose du droit de recours à compter du 1er janvier de cette année, les comptes seront publiés.

Il est frappant de noter que, malgré les importantes subventions de l’OFEN, Suisse Eole ne publie pas ses comptes, sans que Le Temps ne soulève de question à ce sujet. Or, la population suisse a tout à fait le droit de savoir comment son argent est utilisé. A quand un article à ce sujet ?

Les médias ont une responsabilité de rigueur et de déontologie, même lorsque les faits ne correspondent pas à la ligne idéologique qu’ils veulent défendre. Le Temps donne aujourd’hui un bien triste exemple de ce qu’on attend d’un journal qui se veut sérieux.